Au cours des dix dernières années, la galerie d’art de l’Université York (Art Gallery of York University) a mené l’enquête Waging Culture sur le statut socio-économique des artistes visuels professionnels au Canada. Les données collectées à partir de cette enquête ont permis de dresser le portrait d’un secteur où la majorité des producteurs principaux travaillent essentiellement gratuitement, fournissant la matière première avec laquelle l’ensemble du secteur de l’art contemporain fonctionne. Pour les personnes qui connaissent le secteur, le fait que les emplois de jour paient le loyer des artistes n’est pas vraiment surprenant, il s’agit plutôt d’une illustration à la fois solide et basée sur des données qui démontre à quel point le besoin de telles activités secondaires est important pour véritablement comprendre les mécanismes inhérents au secteur.
Ce livre, qui s’appuie principalement sur l’enquête de 2017, porte un regard spéculatif sur certains des facteurs moteurs de la population active des artistes. En particulier, nous opposons un modèle axé sur les ventes, où le gagnant « rafle la mise » et qui exacerbe les inégalités de revenus dans le secteur, à un modèle axé sur les subventions, orienté vers le travail, qui se révèle bien plus équitable. Pour accompagner cette analyse, nous décrivons également certaines des corrélations négatives entre la réussite scolaire et la réussite financière dans le domaine, les pratiques artistiques « rentables » étant négativement corrélées aux réalisations scolaires.